Paisible matinée...?

Le fait est peu connu, mais l'académie shinigami occupe une localisation à part dans le Seireitei. Les cours de shyunpo, de kido et de zanjutsu demandent beaucoup d'espace, tandis que les nombreuses salles de classes sont réparties dans les nombreux bâtiments. Pour ces raisons, l'académie, si elle est à l'intérieur des murs de protection du Seireitei, reste bien éloignée des bâtiments des divisions. Et lorsqu'un étudiant réussit ses examens, il passe par une allée surnommée « Allée du Devoir », bordée de plaques commémoratives des capitaines et vices-capitaines morts durant leurs service, ainsi que des noms de shinigamis morts en ayant accompli des exploits. Et c'est sur cette fameuse « Allée du Devoir » que je déambulais dorénavant.

Je me remémorais mes derniers moments d'étudiants. Le plaisir que j'avais ressenti à libérer mon Shikai alors que toute le salle d'examen ne rêvait que d'une chose, me voir échouer pour pouvoir se moquer et m'humilier. L'arroseur arrosé. J'étais le seul de la classe à avoir réussi l'examen. Tous ces étudiants « biens nés » s'étaient lamentablement ramassés, incapable d'entrer en contact avec leur trancheuse d'âme comme je l'avais fait moi même. Un sourire moqueur se formait sur mes lèvres, tandis que je repensais au petit discours qu'on m'avait tenu sur les devoirs du shinigami, avant de me proposer les différents division...

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-Félicitations pour la réussite de votre examen. Vous voilà shinigami à part entière. Vous allez désormais être affecté à l'une des treizes divisions gardiennes du Gotei 13. Chacune rempli un rôle spécifique. La Première division, sous les ordres du commandant en chef, Yamamoto Genryuusai, est une division d 'honneur, servant de Garde au sein du Seireitei. La deuxième division est divisée en plusieurs unités, et est chargée des assassinats et exécutions, ainsi que diverses autres missions de police. La troisième division, elle, chargée de surveiller l'activité des Hollows, est menée par le capitaine...

-Vous avez vraiment l'impression que j'en ai quelque chose à foutre? Franchement? Foutez moi dans n'importe quelle division, si elle me plait pas j'me débrouillerais pour en changer...

Mon interlocuteur haussa un sourcil devant mon interruption, manifestement il n'avait jamais vu d'étudiant aussi je-men-foutiste de son affectation. Je le vis serrer les dents, ses lèvres se transformant en deux fines lignes de chair au milieu de son visage. Puis il griffonna quelque chose sur ma fiche et me la tendit, d'un air de puissant mépris que j'avais vite appris à reconnaître. En voilà un qui me souhaitait une « mort » rapide, et de préférence violente.

-La Onzième division, spécialisée dans les combats, sous les ordres du capitaine Zaraki Kenpachi. Tu y seras comme chez toi, barbare occidental... maintenant va-t-en...

Je partais d'un grand éclat de rire, qui devait sonner comme la pire des insultes aux oreilles de mon interlocuteur. Puis, serrant ma feuille dans mon poing, la chiffonnant au passage, je posais la main sur la table et me penchais vers lui, tel un prédateur qui s'apprête à donner le coup de grâce à sa proie fatiguée. Je plantais mes yeux dans les siens, et ce qu'il pouvait y lire n'était ni reconnaissance, ni moquerie, mais bien une menace à peine voilée d'un dur châtiment futur.

-Je reviendrais te voir quand je serais capitaine, imbécile. Et je te ferais poser genoux à terre devant moi...

Je crachais de dépit et me retournai, laissant cet imbécile seul avec ses craintes et ses questions, me dirigeant vers les bâtiments des divisions...

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C'était officiel, je détestais cet endroit. A peine 10 minutes que j'étais entré dans le Seireitei proprement dit, et j'en avais déjà ras-le-bol de tous ces foutus couloirs de pierre blanche qui se ressemblaient tous, sans la moindre indication nulle part à part l'intuition de celui qui cherche. Je sentais encore sur mon visage la légère brulure de la « Limite ». Si un jour j'allais en mission sur terre, il était possible, selon ma puissance, qu'on m'applique une limite pour ne pas déranger les âmes proches. Limitant ainsi ma puissance et mon efficacité. Et m'affublant, en ce cas, d'un tatouage sous l'oeil. Les mains dans les poches, je déambulais dans les couloirs sans fin, cherchant une quelconque indication de là où je me trouvais. Mais rien. Même pas un shinigami en goguette qui aurait pu me renseigner. Tout en marchant, en errant serait plus juste, je dégainais mon zanpakuto et levais la lame vers le ciel. Le soleil reflétait l'acier poli, envoyant des éclats de lumière autour de moi. Je sentais mon arme vibrer dans ma main, lui aussi était désireux de faire ses preuves, de motnrer qu'il valait aussi bien sinon mieux que tous les zanpakutos portés par les « bien nés ». Après tout, quoi de plus étonnant? Il était une partie de mon âme, matérialisé sous la forme d'un katana. Je mettais la lame à plat devant moi, fixant mon reflet dans les yeux. Deux yeux dorés, chargés de colère et d'ambition. Un regard provocateur et sauvage, qui m'amenait plus qu'à mon tour des ennuis que je me plaisais à déclencher. Je poussais un soupir et d'un geste large, rengainais mon zanpakuto.

Bon...j'étais où? Impossible de me repérer. J'étais probablement dans le quartier d'une division, mais laquelle? Aucune marque, aucune indication. Seulement une rivière qui coulait paresseusement à coté. C'était calme ici. Très calme. Au point que je me faisais l'effet d'être un étranger. Tout ici respirait la sérénité, presque le deuil tellement c'était calme. J'avais l'impression d'être la seule personne vivante dans le coin. Dépité, je défaisais la ceinture de mon hakama, faisant glisser le fourreau vers la liberté, puis l'appuyait sur le bord du bâtiment le plus proche. Pliant les genoux, je sautais sur le toit d'un bond, afin de mieux me repérer. Mais la vision n'était pas des plus utiles. Tout plein de bâtiments aux toits qui se ressemblaient quasiment tous. Je distinguais juste, à une vingtaine de mètres un homme. Deux choses frappèrent immédiatement mes yeux. Ses cheveux, d'un blanc pur tels une coulée de neige et son haori, marquée du chiffre treize. Le capitaine de la 13eme division, le chef des Perce-Neiges, Ukitake Jyuushiro. Avec sa réputation de gentil qui passait même les portes de l'académie, lui saurait sans doute me dire où trouver les quartiers de la 11eme division. Je sautais au bas du tout, récupérant et rangeant mon arme, puis essayait autant que possible de maitriser mon reiatsu, qui donnait toujours l'impression qu'une meute de loups affamés venait d'arriver. D'un shyunpo, je rejoignais alors le fragile capitaine.

-Capitaine Ukitake?

Ukitake huma l’air d’un air distrait ; tiens donc ? Il ne connaissait pas ce reatsu. Eh oui, après une centaine d’années ou deux il pouvait tout de même apprendre à faire la distinction. Son visage arborait une expression à la fois amusée et pensive. C’était un reatsu puissant…mais encore incontrôlé en partie, restreint de force. Apprendre à maîtriser son niveau de reatsu était quelque chose qui venait naturellement après plusieurs années de pratique ; lui-même n’avait pas besoin de faire le moindre effort afin de s’établir ces barrière psychiques, mais qu’est-ce que ça avait été difficile ! Enfin, peut-être que le fait qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort lui avait facilité les choses, au niveau de la motivation…car il était dangereux pour sa santé de libérer trop de reatsu à la fois, Jyuushiro préférait en effet maîtriser autant que possible la puissance qu’il libérait…instinct de survie ? Probablement…

Le Capitaine souffla légèrement sur son thé, son regard se baissa vers le liquide encore fumant, et libérant des volutes de vapeur à la surface qui s’élevaient dans l’air et se déliaient gracieusement. Et puis il eut un mouvement, une ombre. Et un courant d’air presque imperceptible alors que soudainement, cette présence qu’il avait perçu en contemplant le lac était…là, près de lui. Le mouvement du Capitaine de la 13ème Division était d’une fluidité aussi souple et harmonieuse que son attitude était paisible. A peine le Shinigami était près de lui, que lui-même était debout, légèrement à l’écart, dans quelques gestes. Il n’y avait qu’une surprise légère dans son regard ; ses sourcils sombres légèrement haussés, alors qu’il achevait de souffler sur son thé pour le refroidir ; son regard empli non pas de méfiance, mais de curiosité. Quelques toussotements lui échappaient dans un tressaillement à peine ressenti…Une délicate et pâle main étouffa ces quelques sons avant qu’ils ne s’estompent d’eux-mêmes, et son visage pâle semblait empli d’une expression de lassitude à peine perçu. Que ça ne recommence pas ! Pas maintenant ! Mais Ukitake étant Ukitake, il était d’un calme serein alors même que ces pensées le traversaient. Droit et digne, son thé à la main et observant doucement celui en face de lui… La brise courait à travers ses cheveux blancs dans ce geste instinctif, et maintenant, alors qu’il demeurait immobile, debout et face à ce Shinigami, ils flottaient encore autour de lui, longs et étincelants comme la lumière sur la neige. Il adoptait un air poliment surpris à cette intrusion plutôt…soudaine !

"Tiens… ?" Son interjection était un murmure doux et apaisant, plutôt comme un signe de bienvenue que de surprise. La personne en face de lui, de noir vêtue dans l’uniforme habituel des Shinigamis, prononça…son nom.


"Capitaine Ukitake ?"

Les yeux du Capitaine concerné, d’un brun profond et chaleureux exploraient d’un regard ouvert et amical ce nouvel arrivant…Un jeune homme aux cheveux ébouriffés, et au regard étincelant. Ses yeux dorés brillaient de détermination…malgré son air égaré. Ukitake garda cette expression de surprise quelques instants…avant que cette expression ne se change immédiatement en sourire. Un sourire franc et ouvert, qui illuminait son visage. Les sourires crispés et hypocrites n’étaient jamais pour lui. Ce jeune homme lui paraissait en tout point sincère ; et Ukitake traitait les gens sincères comme il se devait. Enfin, il était comme ça avec presque tout le monde, c’est vrai…mais bon.

"Oui, c’est bien cela ! Bien le bonjour, jeune homme… !" dit-il d’un air joyeux et ouvert, de sa voix suave et profonde, où l’on percevait tout de même un timbre rauque, causée par la maladie qui rongeait souvent ses voies respiratoires. Un léger rire dans le fond de sa voix, comme une arrière-pensée amusée. Eh bien ! Quelle animation soudaine dans cette sobre contemplation! Il n’avait pas l’air particulièrement gêné par cette apparition soudaine qui interrompait ses pensées…et pourquoi le serait-il ? Peut-être qu’un autre capitaine aurait exigé une entrée plus appropriée…ou une salutation…mais lui n’avait qu’à faire de toutes ces formalités. S’il n’y était pas obligé, il ne mettrait même pas de haori ! Pour lui, le premier rôle du Capitaine n’était pas de se sentir supérieur en rang ou en puissance, mais d’aider les autres. Chose qui émerveillaient les uns…et exaspéraient sans doute les autres ! Mais qu’y pouvait-il ?

"Est-ce que je peux t’aider avec quelque chose?" ajouta-t-il calmement, toujours sur ce ton chaleureux. Il sentait déjà que le jeune homme était un peu…hum…perdu. Etait-il nouveau ? En ses propres quartiers ? Mais rien n’était pas indiqué dans les nouvelles arrivées, son lieutenant l’aurait quand même prévenu ! Mais il connaissait son nom, pourtant…Bien sûr, il n’aurait jamais même traversé l’esprit de Jyuushiro qu’il était connu pour son caractère amical et généreux.